Deux ans après le Week-end à Naoned VI , les collectifs East End Naoned, Nafout’ Crew et Transbordeur posent de nouveau leurs valises aux Ateliers de Bitche pour une 5ème édition.

Les Week-ends à Naoned font partie des événements musicaux majeurs, attendus de pied ferme dans le milieu skin et punk. Morvan et moi-même proposons pour Iron Malt et Prun' un retour sur ce Week-end, un aperçu des rencontres que nous avons pu faire, ce qu’on a aimé (plein de choses) et moins aimé (un groupe). Avant de commencer, nous tenons à remercier l’orga pour l’invitation et saluer ce festival pour ce qu’il apporte : un retour aux sources et une belle soirée pour toustes les punks et skins de Naoned et d’ailleurs.

Vendredi 26 : Brittons, Paddy et saxo

C’est dans un rush haletant que ce festival commence pour nous. Malgré un léger retard, nous arrivons à temps pour assister à la toute première en France de Plastics. Le quatuor originaire de Brighton, mené par Oli , a distribué du Punk Hardcore à une fosse déjà bien échaudée par les Suisses de Revanche et les locaux de Model Prisoners. Plastics régale avec un son saturé et un hardcore moderne, qui nous fait penser à feu la formation de Gel version UK. Et vu le pit, on  sent que la sauce prend entre les Britons et les Bretons. Gros coup de cœur pour notre part.

 Pour elleux, tout commence en 2019 dans une maison de retraite désaffectée servant de squat, et d’une volonté commune de former un groupe de hardcore dans une ville en éveil. Oli évoque Brighton,  ville dans laquelle une scène punk et hardcore très jeune commence à naître, dans le sillage de groupes comme Body Bags , Imposters ou encore Ikhraj. En plus de cette jeunesse, Oli décrit un public qui se diversifie : plus féminin, racisé et queer, ce qui permet d’irradier toute la scène de punk et de hardcore et d’éviter une scène trop masculine.

Si leur toute première date en France a pu avoir lieu au Week-end à Naoned, c’est par l’intermédiaire de Nafout’Crew et d’un projet qui « felt great » pour citer Oli. On leur souhaite plein de belles choses pour leur tour du Royaume-Uni avec les Américains de Gag (qu’on vous recommande également tant qu’on y est).

De retour dans la fosse pour notre deuxième groupe de la soirée, avec les Irlandais de Sympos qui ont eux aussi retourné la foule avec un son hybride, alternant entre la oi! et le punk. Sympos c’était la valeur sûre de la soirée, assurant du punk rock old school avec une vibe à la UK Subs, et transpirant une joie communicative visible au nombre de personnes à mosher devant eux.

Sympos nous vient tout droit de Waterford. Et si vous ne savez pas où se trouve Waterford, le guitariste se fera un plaisir de vous le montrer sur une carte de l’Irlande tatouée sur son bras. La formation est née en 2020, en pleine période de Covid avec la volonté de créer un groupe de oi! à l’accent (Irlandais) prononcé. Les membres de Sympos se sont sentis comme chez eux en Bretagne et ont eu le plaisir de venir au Week-end à Naoned pour revoir les membres de l’organisation, Ben et Karott pour ne pas les citer (reçus prochainement sur Iron Malt, so stay tuned).

Pour terminer la soirée, on assiste à un concert "Madeleine de Proust" pour beaucoup de présent·es, avec le groupe Maraboots. La formation parisienne a pu envoyer sa oi! doublée d’un saxo sur une fosse toujours aussi déter'. Au delà de la qualité du concert, à laquelle on s’attendait pour un des groupes cultes de la scène oi!, la venue de Maraboots est un petit événement en soi. D’abord, ils se sont reformés pour l’occasion , et ensuite, ils ne se sont plus produits à Nantes depuis 2014 (à l’occasion de la première édition du Week-end à Naoned). On a donc eu droit à une heure de oi! rétro assumée, et ça, c’est une valeur sûre. Morvan et moi-même ne pouvons que vous recommander l’écoute de ce groupe, et de vous précipiter pour les voir en concert si vous en avez un jour l’occasion.

Samedi 27 : Paris, les Flandres et Tsimentoupolis 

De retour aux ateliers de Bitche après un repos nécessaire, nous nous sommes retrouvés avec Morvan pour assister au concert de Paratonner. Le trio parisien distribue d’entrée un son mêlant punk et hardcore, assumant un héritage Riot grrrl et une scène en perpétuelle évolution, aussi bien dans le son que dans ses idées. Nous sommes particulièrement marqués par le titre La Colère, chanté les nerfs à vifs. Le titre nous interpelle sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans les scènes alternatives, nous mettant face à nos responsabilités pour que la honte change de camp.

 Nous avons pu échanger sur l’histoire du groupe, créé en avril 2023 par Victoria et Jérémie, alors respectivement membres de Mary Bell et de Miss France. Leur objectif : lancer un groupe de punk/hardore dans une scène parisienne en pleine effervescence. S’en est suivi la sortie d’une démo de 4 morceaux et le souhait de poursuivre avec l’enregistrement en décembre prochain de 9 nouveaux titres (que nous ne manquerons pas de vous faire découvrir sur Iron Malt).

Paratonner a également parlé de l’importance de porter des valeurs et des combats par l’intermédiaire de leur musique. Nous avons  pu échanger sur le titre « La colère » et combien il fait sens dans une scène qui souhaite s’émanciper des VSS. Victoria parle de sa musique comme d’un exercice de genre. Elle n’envisage pas de jouer ni de composer sans valeurs à véhiculer.

Iels décrivent une scène punk et hardcore qui, tout comme à Brighton, semble s’ouvrir à beaucoup plus de personnes, générant plus de mixité dans les concerts et les rendant progressivement plus sûrs.

Faute de temps, nous n’avons malheureusement que très peu assisté au concert des Nantais de « Précipice ». On peut seulement vous dire que ça avait l’air d’être du sale comme on aime, et qu’on espère pouvoir vous les présenter lors des prochaines émissions sur les sorties concerts !

Nous en arrivons au point noir de la soirée avec la formation Lyonnaise de Bongo Kids. Nous n’allons pas tant parler de musique que du comportement global du groupe, qui s’est inscrit en faux par rapport à l’atmosphère du festival. Quelques mois après des accusations de violences sexistes à leur encontre, suite auxquelles ils ont été provisoirement déprogrammé du festival, le groupe a cru bon de commencer le concert par de la provoc' sur le sujet.  Bongo Kids a réussi l’exploit de faire fuir une partie du public, et de se faire balancer des cannettes par l’autre partie. Bravo à eux... On ne peut que déplorer l’attitude de ce groupe, qu’on ne reverra pas à Nantes de si tôt.

Suite à l’annulation de la formation culte Traître, l’orga s’est pliée en quatre pour proposer deux nouveaux groupes sur l’affiche du samedi. La formation Lilloise de Short Days a parfaitement pris le relais avec du classique punk-rock, simple et efficace.

Ce fut également l’occasion de passer à autre chose après Bongo Kids et de se remettre la tête à l’endroit. Très belle découverte en tout cas. Nous avons pu discuter avec les membres de Short Days après le concert. Pour eux, tout à commencé à Lille il y a déjà 12 ans. Short Days font partie d’une scène Lilloise elle aussi en pleine émulation post-covid, avec les groupes Khlore ou Jodie Faster, et bénéficie d’une scène alternative au Centre Culturel Libertaire de Lille. Short Days repart en tournée en Grèce prochainement. On leur souhaite plein de bonne choses !

On a ensuite rapidement enchaîné avec la fin du concert de Chain Cult, formation de post-punk qui nous vient tout droit d’Athènes et qui tourne partout en Europe depuis maintenant 7 ans. Avec déjà deux albums et quatre EP, on savait à quoi s’attendre devant ce groupe, et le peu que l'on a vu nous a mis une belle claque. On espère vite les revoir !

Pour clore le festival, on a pu assister au concert de la formation lilloise Utopie. Une très belle façon de terminer ce week-end de festival, avec un post-punk très atmosphérique et intelligent. Bref on a beaucoup aimé et nous vous recommandons l’écoute.

Nous souhaitons de nouveau remercier East-end Naoned, Nafout’ Crew et Transbordeur pour l’invitation. L’orga était au top, autant sur la programmation des groupes que sur l’atmosphère du festival. Et on n'en parle jamais, mais le stand de sandwichs végans antifascistes valait lui aussi le détour !

A bientôt sur Iron Malt, on vous laisse avec quelques recommandations d’écoute pour les groupes que nous avons pu découvrir ce week-end.

- Modele Prisoners : Dirt Merchant

- Revanche : Plus rien

- Plastics : Lovers

- Sympos : Pub

- Maraboots : Ils ont tué la oi !

- Précipice : In The Depths Of Wells

- Abrasif : Routine

- Paratonner : La colère ( dans le prochain enregistrement )

- Short Days : Suicide City

- Chain Cult : we’re not alone

- Utopie : Mauvais sort

Live report écrit par Joshua Watson, crédits photo : Olivier Morvan