Retour en 1985, place de la Concorde, à Paris. Lors du concert « Touche pas à mon pote », le groupe Carte de Séjour, mené par Rachid Taha, reprend un monument de la chanson française : Douce France de Charles Trenet, écrite en pleine Occupation. Sur scène, Rachid Taha interpelle le public : « On va faire une chanson bien française… Douce France. Il y en a qui grincent des dents? On touche au patrimoine, hein ? Mais c’est le nôtre aussi. Charles Trenet, on peut le chanter nous aussi ? »

Dans un climat de montée de l’extrême droite, ce moment devient un geste fort, une prise de parole en musique. Et peut-être cela vous rappellera-t-il un autre épisode, plus récent.. La dernière cérémonie des Jeux Olympiques, par exemple, où certains conservateurs se sont offusqués, là encore, de voir de grands titres français réinterprétés par des artistes des musiques populaires. Et, dans les deux cas, précisons-le, par des artistes racisés.

La musique, comme tout art, est un espace de résistance, de réappropriation pour celles et ceux qu’on marginalise. Mais elle peut aussi porter des formes de violence symbolique.

Tentons alors, ensemble, d’en démêler les fils, et de décortiquer ces dynamiques, entre domination, stigmatisation, et subversion.