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[VIE SOCIALE] Une société sans fête : quels impacts ?
Depuis bientôt un an les boîtes de nuit sont fermées, les festivals annulés, les soirées chassées comme la peste et les bars privés de leurs client·e·s. Entretien avec Emmanuelle Lallement, anthropologue, sur les fêtes et leur importance.

La fête, la bamboche, la teuf. Cela fait bien longtemps qu’on n’a pas prononcé ce mot en se préparant à passer une soirée dans un bar avec ses potes, à aller danser toute la nuit en boîte ou plusieurs jour d’affilée dans un festival. Cela fait trop longtemps que les étudiant·e·s n’ont pas organisé la moindre petite soirée improvisée, un mardi ou un mercredi soir, parce-que le prof de TD est annoncé·e absent·e le lendemain, alors "autant en profiter". Et oui normalement c’est un peu ça, la vie, pour les jeunes mais aussi parfois pour les moins jeunes.

Pour parler de cette étrange vie sans fête, nous avons reçu Emmanuelle Lallement, anthropologue, professeure d’université à Paris 8 et membre du conseil scientifique à l'EHESS.

Interview Emmanuelle Lallement
09.02.2021

La jeunesse en mal de liens sociaux

Emmanuel Macron disait que c’était dur d’avoir 20 ans en 2020. On peut dès à présent en dire autant pour cette nouvelle année. Si la vie ne se résume pas à faire la fête, cette période, qui oscille entre 16 - 18 ans pour les plus précoces et qui, pour les plus téméraires des étudiant·e·s peut aller jusqu’à la trentaine, est un moment particulier de l'existence.  On n'est plus enfant mais pas encore tout à fait adulte, avec tout ce que cela implique. Cette période est celle durant laquelle, plus que toute autre, on se construit, on se forge une identité propre par rapport à nos rencontres, à nos activités sportives, associatives ou culturelles.

Tout cela, on y a mis un coup d’arrêt, net. Le·la lycéen·ne qui a passé tant bien que mal son année de terminale, pensait prendre son envol, son indépendance et rencontrer des nouveaux visages. Iel s’est brutalement pris la réalité en face. Quelle réalité ? Celle d'une société de la distance où tous les contacts sociaux sont réduits au strict nécessaire. Où la jeunesse est pointée du doigt, culpabilisée car elle veut faire la fête, elle veut discuter, s’amuser, s’énerver, s’émerveiller. Mais tout ça : c’est non. C’est presque criminel.

Des manifestations pour soutenir le monde de la nuit

Nous recevions il y a quelques semaines le collectif Maskarade qui soutenait les incriminé·e·s de la soirée de Lieuron, organisée pour le réveillon du 31 décembre. En 2021, il est possible de prendre 10 ans de prison pour avoir organisé une simple fête. Ces derniers week-end de nombreuses personnes ont participé à des manifestations qui se sont transformées en fête avec des camions équipés de sono, et qui ont fait trembler les centre- villes aux rythmes de la techno. Personnifiant clairement ce besoin de faire la fête pour une partie de la jeunesse et de la population.

Ce besoin quasi viscéral, Emmanuelle Lallement le décrypte et l'explique dans cette interview enregistrée en début de semaine. Pourquoi a-t-on besoin de faire la fête ? Est-ce que cela a toujours été ainsi ? Qu'est-ce qui fait que l'on souffre de l'absence de soirées, de danses ? Autant de questions (parmi tant d'autres encore) évoquées par l'anthropologue au cours de cet échange.

Photo : Nicolas Dugast - Curio 2019

Publié le
Un article réalisé par : Volontaire service civique - Vie étudiante
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