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[SANTÉ] Crise sanitaire : Quel impact sur les étudiant·e·s infirmièr·e·s ?
Depuis maintenant près de deux ans, infirmièr·e·s et aide-soignant·e·s sont parmi les professions les plus touchées par la crise sanitaire liée au Covid-19. Entretien avec Claire Praly, infirmière et formatrice des prépas IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers) à l’IRSS.
Claire Praly, infirmière et formatrice des prépas IFSI à l’IRSS (Institut Régional Sport et Santé)
Métiers d’infirmièr·e·s et aide-soignant·e·s

Les difficultés de la profession accentuées par la crise du Covid-19

Depuis le début de la crise sanitaire, les difficultés des métiers d’infirmièr·e·s et d’aide-soignant·e·s ont été largement amplifiées et mises en lumière. Claire Praly, qui travaille depuis plus de dix-huit ans en tant qu’infirmière, témoigne :

« Ayant exercé dans différentes structures à la fois publiques et privées, j’ai pu être confrontée aux problématiques de terrain [et] il est évident que la crise liée au Covid a accentué les difficultés professionnelles. »

D’après une étude réalisée par la Fédération Hospitalière de France, près de 10.000 infirmièr·e·s et aide-soignant·e·s ont arrêté leur métier en 2020. Une autre enquête de la Direction Générale de l’Offre de Soins, menée auprès de 1100 établissements de santé, relevait que 1245 infirmièr·e·s avaient démissionné en 2021.

Aujourd’hui, c’est vrai, les soignant·e·s sont fatigué·e·s, que ce soit les aide-soignants, les infirmières, les auxiliaires de puériculture et tous·tes les différent·e·s professionnel·le·s qui interviennent dans le milieu de la santé
—Claire Praly

Des difficultés qui s’expliquent par plusieurs facteurs dont le manque de personnel, de reconnaissance de la profession, des rythmes de travail soutenus et parfois aussi du matériel insuffisant. A côté de cela, les arrivées de patient·e·s, elles, ne diminuent pas.

Transmettre l'énergie et la passion du métier

Mais Claire Praly souligne l’importance de ne pas rester figé sur les aspects négatifs :

Je m’interdis d’être dans cette morosité constante parce que c’est un métier pour lequel je suis passionnée, qui est en même temps magnifique et indispensable pour notre société
—Claire Praly

L’objectif est toutefois de donner aux étudiant·e·s au sein des formations, l’envie, l’énergie et la goût du métier : « Aujourd’hui, j’accompagne des jeunes qui se destinent à ces métiers-là avec la passion que j’ai envie de leur transmettre, l’énergie et l’aspect positif du métier, sans cacher les contraintes et les difficultés qui sont rencontrées. »

Quel impact pour les étudiant.e.s au sein même des formations ?

Avec la crise sanitaire, la situation des étudiant·e·s dans les formations a également été perturbée, comme l’évoque Claire Praly : « Pour suivre la formation d’infirmière, ce sont trois années d’étude [et] ces années d’étude ont été chamboulées pour ces étudiant·e·s en École d’infirmiers parce qu’ils ont suivi des cours à distance, […] les stages ont été perturbés. »

Les confinements ont aussi amené les étudiant·e·s à être sollicité·e·s dans la gestion de la crise : « Par rapport au premier confinement en 2020, certains étudiant·e·s ont été amené·e·s à [venir] en renfort dans les services, donc leurs études sont perturbées, ça c’est sûr. ». Cependant, malgré les complications rencontrées durant ces deux dernières années au niveau des formations, les professions d’aide-soignant·e·s et d’infirmièr·e·s suscitent encore l'engouement des jeunes :

De façon peut-être surprenante […] c’est une profession qui a un grand attrait encore aujourd’hui [...] et l’on a énormément de jeunes qui sont prêt·e·s à s’investir dans ces études-là
—Claire Praly

Malgré la crise, les formations d’infirmièr·e·s restent parmi celles qui génèrent le plus d’inscrit·e·s sur la plateforme Parcoursup, près de 10 % selon des chiffres rapportés par un article de France Inter l’année passée. Claire Praly rappelle toutefois que les deux dernières années de pandémie ont causé l’abandon de plusieurs étudiant·e·s en école d’infirmièr·e·s : « Dans l’actualité des Instituts de formation en soins d’infirmiers, aujourd’hui il y a énormément de jeunes qui prennent ce parcours-là. Mais la réalité aussi, c’est qu’il y a eu beaucoup d’abandons d’étudiant·e·s en première et seconde année en 2020 [et] en 2021 et le gouvernement commence à se positionner et à interpeller sur le sujet. »

Fin octobre 2021, le Ministre de la Santé Olivier Véran indiquait que près de 1300 étudiant·e·s infirmièr·e·s avaient abandonné leurs études entre 2018 et 2021, si l’on compare les inscriptions au nombre de diplômé·e·s sur la période. Des arrêts qui ne s’expliquent pas seulement par la crise sanitaire. D’autres facteurs, comme la sélection sur Parcoursup ou des mauvaises conditions de stages incitent parfois les étudiant·e·s infirmièr·e·s à quitter leurs formation, selon un article du Monde publié en décembre dernier.

Des professions qui ont besoin de leurs nouvelles "pépites"

Aujourd’hui je ne ferais pas ce métier là si je n’y croyais pas
—Claire Praly

Encourager les jeunes étudiant·e·s infirmièr·e·s et aide-soignant·e·s et leur permettre de poursuivre leur formation est nécessaire pour Claire Praly : «On a besoin de relève. Aujourd’hui, si vous supprimez le corps soignant, que ce soit infirmier·e, aide-soignant·e, auxiliaire de puériculture, […] l’hôpital public, les structures privées ne fonctionneraient pas du tout, donc il est indispensable que l’on forme aujourd’hui des jeunes ».

Rajoutant au passage que ces formations ouvrent un large choix d’évolution de carrière : « Et en même temps il faut les accompagner, les encadrer, et ça passe aussi par les services qui les accueillent. Moi je leur dis toujours que c’est un métier qui permet une diversité de lieux d’exercice folle. Et si vous vous ennuyez, si vous êtes en difficulté dans un service ou dans une unité qui ne vous convient pas, changez, allez-y [car] il y a tant de possibilités d’évolution dans cette carrière ! »

Les démissions des jeunes étudiant·e·s infirmièr·e·s et aide-soignant·e·s face à leurs études restent une immense déception pour la formatrice car iels représentent l’avenir de la profession : « Moi je trouve ça difficile de voir tous ces jeunes qui s’arrêtent, car comme je leur dit, ce sont des pépites et ces pépites-là, il faut les garder, on en a besoin. »


Une interview réalisée par Antoine Camara

Un article rédigé par Antoine Camara

Publié le
Un article réalisé par : Volontaire service civique - Vie étudiante
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