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[INTERVIEW] Superpoze : séance d'écoute en apesanteur
“Un album qui ne raconte rien d’autre que la musique”. Pour son troisième album, Superpoze a cherché à créer un voyage aérien entre mélodies universelles qui s’enracinent dans nos souvenirs, et influences intemporelles remontant au baroque.
Interview : Superpoze
Séance d'écoute en apesanteur

Des chansons à redécouvrir à chaque écoute

En utilisant des instruments anciens, Gabriel Legeleux, alias Superpoze nous incite à prêter une oreille attentive au silence, aux souffles et aux timbres. Nous l’avons rencontré dans le cadre de sa tournée de “séances d’écoute”, un concept qu’il a voulu mettre en place sur ce dernier album afin de partager sa musique dans une communion avec son public. 

La séance d'écoute de Superpoze au bar audiophile L'altitude à Bruxelles le 5 juillet 2022 / © Sophie Newman

Ma musique, c’est pas une musique hermétique ou expérimentale, c’est une musique très mélodique pleine de sentiments, d’émotions : ce sont des choses qui ne sont pas très cérébrales, ce sont des choses qui nous portent.
—Superpoze

Remarqué dès son premier album, il s’est imposé sur la scène électro française avec ses deux premiers albums : Opening et For We The Living. Il nous propose une électro atmosphérique que certains ont qualifiée de “post-apocalyptique” et qui montrait déjà le souci du temps, du découpage et de la production propre à l’artiste.

Touche-à-tout, Superpoze a également multiplié les manières de penser la création musicale ces dernières années : on a pu retrouver sa musique au cinéma, au théâtre avec Marc Lainé, en collaboration avec des artistes aussi diversifiés que Jacques avec qui il dit avoir en commun "un plaisir pour le concept et la recherche de texture", ou encore le rappeur Lomepal. Il a même été joué au Grand Palais par des instruments-automates.

Nova Cardinale : "Un appel au rêve"

Son évolution musicale l’amène aujourd’hui à proposer un album novateur, surprenant, qui met en vedette des instruments atypiques et anciens comme la viole de gambe dont les craquements contribuent à créer un fil, un lien au monde réel, à immortaliser les spécificités du moment de l’enregistrement : une manière pour lui d’invoquer et cerner le silence qui s’intègre à une musique tantôt mélancolique, tantôt épique.

Pour ne pas m’ennuyer, je réfléchis à ma musique, pourquoi, comment. Je la conceptualise, ou pas d’ailleurs mais j’ai besoin de travailler cette matière-là. Je ne peux pas juste être quelqu’un qui sait enchaîner des accords, et choisir des sons, et me satisfaire de ça.
—Superpoze

Nova Cardinale n’est divisé en chansons que par convention car l’artiste a conçu son album comme une longue plage ininterrompue, un “monde autonome” dans lequel les influences de la musique sacrée invitent à une sorte de transcendance et nous transportent hors du temps. Marin Marais y croise alors Max Richter, Arvø Part et Debussy, comme si l’électro pouvait devenir synthèse de siècles de musique. 

Le concept des séances d'écoute

Ce rapport au temps, c’est également ce que questionnent les séances d’écoute que Superpoze propose pour la sortie de ce nouvel album. En s’installant dans des lieux intimistes dotés d’un système son de qualité, l’artiste propose à un public tiré au sort de passer un moment avec lui à écouter son vinyle. On peut se passer l’album par morceaux chez soi, en faisant autre chose, mais c’est une toute autre posture à laquelle nous invite Superpoze. En même temps qu’il nous offre son temps, nous lui offrons le nôtre. Un temps suspendu, sanctuarisé, où chacun·e se consacre à l’écoute pure tout en se confrontant aussi à un autre rapport à l’artiste qui est là parmi nous.

La séance d'écoute qui se déroulait au Bar 303 à Nantes, le 13 juin 2022.

Je me sens de moins en moins comme un interprète et de plus en plus comme un compositeur, producteur, comme quelqu’un qui écrit de la musique [...] Parce que composer un morceau, c’est faire ressortir tous les morceaux qu’on a écoutés enfant, faire ressortir tous les timbres qu’on aime aujourd’hui ou qu’on a aimés, et quelque part c’est transmettre ça.
—Superpoze

L’occasion de se rendre compte à quel point il est devenu rare de passer un concert, et a fortiori un moment de vie sans sortir son portable, sans discuter avec les autres, juste à écouter la musique et ce qu’elle réverbère en soi. La séance, très intense, est suivie d’une rencontre où Gabriel dialogue avec ceux et celles qui constituent habituellement un public anonyme de ses concerts et peuvent alors lui faire face. L’artiste semble y voir plus d’authenticité que dans les moments de mise en scène et d’interprétation, quand la posture du musicien l’isole de son public et le place en posture de supériorité. Les spectateur·ice·s se sont montré·e·s très réceptif·ve·s au dispositif ce 13 juin à Nantes, concentré·e·s, presque méditatif·ve·s, et sont sorti·e·s en apesanteur de cette expérience qui les a invité·e·s à repenser la manière de vivre la musique. 

Superpoze et Marie Pellan, bénévole à Prun'.

Tracklist :

  • Superpoze - Ten Lakes
  • Marin Marais - Improvisations sur les folies d'Espagne
  • Jacques, Superpoze - Endless Cultural Turnover
  • Superpoze - Song for Abel

Un article et une interview réalisés par Marie Pellan, Marie-Paule Tran et Pauline Verbaenen.

Photo de la Une : pochette de l'album Nova Cardinale / 2022 / Ⓒ Raegular, François Quillacq.

Publié le
Un article réalisé par : Marie-Paule Tran
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