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[ARTS & SCIENCES] Festival IDÉAL : Qu’est-ce que les arts et les sciences ont en commun ?
Faire dialoguer les arts et les sciences, c'était l'enjeu du festival IDEAL au TU de Nantes du 15 au 27 mars. Prun' y a posé ses micros pour interviewer les participant·e·s.

Mercredi 16 mars, Radio Prun’ était en direct d’un plateau au Théâtre Universitaire de Nantes pour parler du Festival IDEAL qui unit arts vivants et sciences à travers des spectacles, des expositions, des conférences et des performances.

L’évènement souhaite décloisonner les savoirs et les méthodes des deux disciplines en les mêlant l’une à l’autre par des projets communs qui explorent ce qu’arts et sciences peuvent produire ensemble...

Aline Landreau et Eli Lécuru sont artistes, chorégraphes et performeuses tandis que Justine Dumay est, elle, professeure en biochimie marine. Toutes les trois sont venues répondre aux questions de Prun’ pour nous partager leur regard à la fois artistique et scientifique sur ce qui rassemble arts et sciences.

Interview d’Aline Landreau, Éli Lécuru et Justine Dumay
Emission spéciale au Festival IDÉAL

Un rapport d'artistes à la science et de scientifiques à l'art...

L’un des points communs entre artistes et scientifiques, c’est avant tout, leur curiosité pour le monde qui les entoure. D’ailleurs, c’est souvent elle qui est à l’origine de découvertes en sciences et de créations en art.

Pour la chorégraphe et performeuse Aline Landreau, c’est justement par cette curiosité que s’est manifesté son premier contact avec la science : « Mon rapport à la science c’est plutôt la curiosité : le fait d’aller glaner des informations, d’aller sonder des zones inconnues, que ce soit dans des champs que j’ai déjà entraperçus et d’autres que je ne maîtrise pas du tout. »

Une curiosité qui naît souvent d’un émerveillement, d’une idée fixe, autour d’un objet, d’un phénomène naturel, d’une interrogation… « J’ai un rapport à la connaissance ou au savoir qui est totalement enfantin, où je me jette un peu sur les choses qui peuvent m’étonner, m’émerveiller dans leur réalité […] c’est comme si ça venait nourrir sans cesse ma manière d’aborder le quotidien.

"Ma vision de la science c'est vraiment celle de l'investigation vers des zones inconnues"
—Aline Landreau

Ma vision de la science c’est vraiment celle de l’investigation vers des zones inconnues. ». Éli Lécuru, artiste et chorégraphe, explique pour sa part que son initiation aux sciences s’est effectuée à l’occasion d’un projet artistique : « Il s’avère qu’en travaillant sur le vivant et sur la question de l’animalité j’ai de fait eu envie de m’intéresser aux animaux et donc à des écrits de biologistes. Par la création […] j’y suis allée [vers les sciences] juste avec le désir d’avoir de la connaissance parce qu’il fallait que je la transforme. ».

Justine Dumay, maître de conférence en biochimie marine et génie enzymatique à l’université, évoque de son côté ce cloisonnement et cette sorte de déterminisme qui semblait lui bloquer l’accès à l’art : « Je vais rebondir sur cette histoire de cloisonnement qu’on nous induit de façon assez naturelle et depuis l’enfance où moi j’avais un profil complètement scientifique et du coup pas du tout littéraire, artistique. J’avais l’impression que je n’avais pas les codes pour [l’art] mais avec quand même une sensibilité qui me disait : j’ai quand même un petit peu envie d’y aller, envie de regarder. ».

Arts et sciences : des disciplines très codifiées

D’après Justine Dumay, les deux disciplines partagent beaucoup de similitudes :

"Plus on essaye de croiser les regards, de communiquer entre ces deux mondes d'arts et de sciences, plus l'on voit la réciprocité ou la proximité des deux mondes"
—Justine Dumay

Malgré tout, arts et sciences sont souvent mises en opposition l’une face à l’autre. D’une part, le monde artistique est assimilé à un espace laissant libre cours à une grande liberté de création, dépourvu de rationalisme. D’autre part, la science que l’on considère parfois comme une discipline très rigoureuse avec des codes très marqués et qui semble attachée à un certain formalisme.

Justine Dumay poursuit son propos en évoquant les idées préconçues qui perdurent au sujet des sciences et des arts, des impressions qui, selon elle, ne correspondent pas complètement à la réalité : « C’est vrai qu’il y en a un [le monde artistique] qui paraît un petit plus poétique, un petit peu plus libre, que la science où l’on a toujours cette impression de quelque chose de difficile, de linéaire avec des codes très marqués alors qu’en fait ce n’est pas vrai. Et pareil pour l’art, on a l’impression de quelque chose d’assez volubile alors qu’il y a aussi des codes et des choses qui sont très marquées. »

"Ce qui rapproche l'art et la science c'est aussi l'émotion et la sensibilité"

Le processus de création n’est d’ailleurs pas seulement réservé aux artistes. Les scientifiques aussi plongent parfois vers des eaux inexplorées pour découvrir de nouveaux phénomènes, les comprendre et ensuite innover. Formuler des hypothèses originales, inventer des expériences et composer des méthodes et des calculs afin d’expliquer le fonctionnement des choses relève certainement d’une forme de créativité.

Le rapprochement entre sciences et arts se manifeste notamment à travers l’émotion et la sensibilité selon Justine Dumay : « Pour moi ce qui rapproche aussi l’art et la science c’est l’émotion et la sensibilité […] et par rapport à l’absence d’émotion dans la science c’est pareil, c’est un point commun [avec l’art] et il y a des émotions qui passent dans la science, il faut essayer d’ouvrir un petit peu ça. ».

Éli Lécuru évoque de son côté quelque chose de lié au langage et au concept unissant arts et sciences : « J’ai la sensation qu’il y a quelque chose lié au langage qui rapproche les deux. Par exemple j’adore le concept de concept, le fait que l'on mette un mot nouveau sur une chose. J’ai l’impression que dans ma création c’est aussi ça : comment je vais créer quelque chose qui m’échappe et essayer de le définir pour pouvoir ensuite le transmettre .».


Une interview réalisée par Antoine Camara

Un article rédigé par Antoine Camara

Photo de Une : Plateau de Prun' au TU de Nantes le mercredi 16 avril. Crédit photo Prun'.

Publié le
Un article réalisé par : Volontaire service civique - Vie étudiante
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